L'autre Monde, livre 1 : L'Épée du Dragon

L'autre Monde, livre 1 : L'Épée du Dragon

l'épée du dragon, chapitre 10

Liberté ne se réveilla pas pendant le vol. Elle était consciente, mais trop faible pour ouvrir ses yeux. Néanmoins elle ressentait tout ce qui se passait à côté d’elle.

Elle entendait les ailes puissantes d’un des dragons qui battaient près de ses jambes. Elle espérait que ce ne soit pas le noir mais l’idée de terminer dans la gueule de son sauveur rougeâtre ne l’attirait pas non plus.

Elle sentait un vent, assez froid, qui passait sur son corps ce qui signifiait qu’elle était encore en vol.

Par contre, elle sentait autre chose : une odeur d’herbe. Elle sentait l’herbe qui était au sol, ou alors une odeur de forêt. Elle n’aurait su expliquer cela.

Elle volait à plus de trois cent mètres du sol et elle sentait l’herbe et les feuilles des arbres !

Alors qu’elle y pensait, elle se rappela la lame qui lui rentrait dans le bas ventre. Elle commença à pleurer de peur, elle se souvenait de la douleur qui lui broyait le ventre. Elle ne savait pas ce qui s’était passée ensuite. Elle se souvenait juste de ça.

Elle comprit que le dragon entamait sa descente quand l’odeur de l’herbe se fit sentir de plus en plus fort. Elle entendit une voix d’homme puis une voix d’adolescent qu’elle avait déjà entendu. Mais où l’avait-elle entendue… puis elle tomba dans des bras jeunes et vigoureux. Elle fut plaquée sur le torse de la personne qui la portait puis entrainée à l’intérieur d’une cabane ou se mêlait une odeur de soupe et de bois.

C’est alors qu’elle touchait les draps d’un lit qu’elle entendit de nouveau ce son qui ne la quitterait jamais : les ailes d’un dragon qui prend son envol. Elle pouvait sentir la rage dans les battements d’ailes de la créature. Il voulait se rendre le plus vite possible là où il voulait aller.

Alors qu’elle essayait de suivre sa trace, un sommeil de plomb la surprit.

 

Le remède du vieil homme marchait à merveille. Liberté s’était enfin endormit, sa respiration était de nouveau calme. Timmy croisa le regard du vieil homme puis se tourna vers l’épée, posée contre une chaise.

 

La bête volait d’une allure rapide. Il ne s’imaginait pas revenir alors que la jeune fille serait déjà réveiller. Il passait près de la tour noire, prit le temps de la contourner et poursuivit son voyage vers les terres du Sud. Il savait qu’il trouverait le passage là-bas. Alors que la terre s’arrêtait nette pour ne laisser qu’un pont suspendu dans un vide comblé par le brouillard, le dragon monta vers les cieux et piqua vers le brouillard dense.

 

Quelques secondes après qu’il eut entamé sa descente, il reconnut les lieux : une caverne sombre aux parois rouges d’où dégoulinait du sang humain. Il pouvait voir des cadavres, ou des squelettes, parsemés au gré de l’appétit du monstre qui vivait ici.

Le passage n’avait pas été difficile à trouver mais il ne doutait pas qu’il le serait d’avantage la prochaine car sa visite risquait d’énerver le propriétaire des lieux.

Il se posa sur le sol, où les innombrables ossements craquèrent sous son poids. Il n’arrivait toujours pas à se faire à l’idée qu’un de ses pairs pouvait se nourrir de chairs humaines…

Il entreprit de marcher le long du chemin vers le centre de la caverne. Il vit une jeune femme assise sur une pierre qui se brossait les cheveux.

Il la regarda longtemps, perdu dans ses pensées avant de remarquer que le gardien de cette dame le regardait fixement, à l’abri sur son perchoir à une dizaine de mètres de hauteur au dessus de la jeune femme. Ce dernier le regardait avec des yeux pleins d’amours qui le répugnèrent.

En posant de nouveau son regard vers la jeune femme, il remarqua qu’elle s’était tournée vers lui et lui proposait de s’approcher.

D’un pas lourd plein de grâce et de puissance, il s’approcha et tendit la gueule ouverte, tous les crocs dehors, vers la jeune femme.

 

« De quel droit oses-tu ? De quel droit oses-tu pervertir une jeune humaine et la transformer en un être aussi misérable que toi ? Tu me dégoûtes, vraiment. Je ne pensais pas que tu reviendrais. Mais je vais pouvoir te tuer de mes mains après ce que tu as fais. »

 

- Tu ne devrais pas t’énerver comme tu le fais, tu risques de devenir plus rouge que tu ne l’est déjà. Si tu attendais un peu de savoir mes raisons, tu verrais que ce que j’ai fais est tout à fait légitime.

 

« Je n’écouterai pas un mot de plus. On verra bien si les dieux te feront à nouveau confiance après cette trahison. Je ne suis pas sûr qu’ils veuillent te confier de nouveaux oracles après cela. Tu as faillit, Cynthia. Tu as transformé une humaine en créature sanguinaire. Et tout ça pourquoi ? Pour tuer un roi qui devra mourir par l’un de nous cinq ? Tu savais ce que disais la prophétie : un sixième dragon naîtra… Pas une humaine qui deviendrait un monstre ! »

 

- Cette jeune fille était monstre à la naissance. Elle s’est faite posée un anneau autour de l’estomac car il était de taille gigantesque. Son œuf a éclos sur terre mais il appartient à cette terre. La première partie de la prophétie s’est déroulée dans cette caverne ici, il y a une quinzaine d’année environ. Cette jeune fille n’est autre que la dernière Oracle, la dernière créature des dieux. Elle seule pourra trouver la force de tuer Algadir et son dragon de nuit.

 

Le dragon rouge se tourna vers la sortie, afin de s’en aller. Il avança de quelques pas et décida de se retourner vers le dragon du plafond. Celui-ci était en train de visionner des images du passé.

Un dragon rouge et une dragonne couleur or se baladaient dans le ciel sans nuage d’une nuit d’été. Puis la vision se troubla et la caverne apparut. Un œuf venait d’être déposé au centre et celui-ci bougeait, on pouvait même voir la créature qu’il abritait.

Une jeune femme, la prêtresse, s’approcha et détruisit l’œuf afin d’en sortir la créature difforme : un corps de la taille de celui d’un humain, des mains d’humain mais un visage bestial, exprimant la rage et la peur d’un dragonneau qui venait de naître.

Un pentacle se dessina derrière la jeune femme. Elle le passa et se retrouva sur terre, dans une forêt non loin d’un village coupé en deux par une rivière qui se terminait en un immense fleuve. Non loin de là, de grandes grilles entouraient un bâtiment. « Orphelinat d’enfants » était noté sur la plaque à l’entrée. La jeune femme laissa le bébé qui venait de prendre une forme humaine devant les grilles et partit sans ses retourner.

 

 

Loin de là, dans une cabane de bois, une jeune fille se réveilla en sursaut en entendant le cri de déchirement d’un dragon qui, très loin d’elle, criait sa joie, sa peine et sa rage.



11/12/2012
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