L'autre Monde, livre 1 : L'Épée du Dragon

L'autre Monde, livre 1 : L'Épée du Dragon

l'épée du dragon, chapitre 2

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     Liberté ne savait pas où elle était.

     Elle se trouvait dans un paysage noir, un paysage de néant. Devant elle se dressait une porte. Sauf que cette porte remuait. Rien autour ne pouvait la faire bouger. Le noir absolu.

     La porte, comparée au reste de son champ de vision, était d’une couleur tirant sur le marron. Elle ne savait pas comment l’expliquer mais elle avait l’étrange impression que la porte était « vivante » : elle pouvait presque la voir respirer et elle avait l’impression que chaque partie du bois aux gongs, étaient en réalité des muscles qui se mettaient en mouvement.

     Elle s’approcha de celle-ci et regarda avec admiration la poignée de la porte : en or massif, orné d’une sorte de griffe en pierre précieuse. Lorsqu’elle tendit la main vers la poignée, celle-ci s’ouvrit et laissa entrevoir une pupille de couleur rouge striée de noir. Elle ne voulait pas la toucher, ou même l’ouvrir. Mais des picotements naissaient petit à petit dans sa main.

      Elle vit que sa peau perdait sa couleur. Au moment ou elle levait la main vers son visage, la poignée ferma son œil et s’ouvrit d’elle-même pour laisser entrer la jeune fille. Une lumière l’aveugla alors qu’elle passait le pas de cette porte.

      Liberté se réveilla et regarda son réveil : 10 heures du matin. Elle regarda ensuite sa main et vit qu’elle avait toujours la même couleur : une peau un peu bronzée grâce aux bienfaits du soleil. Alors qu’elle commençait à se poser des questions en silence, un bruit la fit sursauter.

     Elle ne bougea plus et entendit une nouvelle fois ce bruit. Quelqu’un toquait à la porte. Elle se remit sous ses couettes et permit à la personne derrière la porte d’entrer. Le petit garçon de la famille, le fils unique jusqu’à présent, entra dans la chambre avec un petit sourire radieux propre aux enfants de huit ans.

     Il s’approcha du lit et, au lieu de grimper dessus comme le pensait Liberté, il prit la chaise du bureau et la poussa vers le lit avant de s’y asseoir.

 

- Tu as bien dormit ? J’étais juste venu te dire que le petit-déjeuner est prêt dans la salle à manger. Maman est partit faire des courses et papa prend son café en bas.

- Merci bonhomme. C’est gentil.

- Timmy… je m’appelle Timmy.

 

     Le petit garçon lui tendit une main amicale qu’elle saisit et qu’elle serra.

     Au contact de sa peau, la jeune fille eut des frissons : quelque chose n’allait pas chez ce garçon. Elle le sentait mais elle n’aurait su dire pourquoi. Sa main était froide et paressait pâle, comme dans son rêve. Quand elle regarda de plus prêt le petit garçon, elle remarqua qu’il avait la peau très pâle et que ses yeux commençaient à se voiler. Elle en eut pitié, pitié du sort de ce garçon.

     Elle sourit à Timmy et se leva du lit pour aller prendre un petit-déjeuner.

     Lorsqu’elle se retrouva seule avec son père adoptif, elle se risqua à poser la question qui lui tournait dans la tête.

 

- Timmy vas mourir n’est-ce pas ?

 

     Le jeune homme releva la tête, d’un air triste.

 

- Oui. Dans quelques années on l’espère. Il a une pathologie grave, une maladie incurable : un cancer. On a déjà tenté la chimio mais faire souffrir un petit garçon avec un traitement aussi lourd… on ne voulait pas y penser. Lui aussi s’y est opposé. Il disait qu’il guérirait tout seul, comme s’il avait un rhume. Alors ma femme m’a convaincu d’entamer  une procédure pour adopter un autre enfant. Elle ne veut pas se retrouver sans son bébé, mais l’enfant d’un autre n’est pas non plus la chose qu’elle veut. Elle t’a choisie car personne ne connait tes parents, tu es son cadeau de dieu en quelque sorte.

 

     Liberté n’en crut pas ses yeux : ils tentaient de remplacer le petit garçon mourant en adoptant une orpheline. Elle ne voulut pas le croire et partit pleurer dans sa chambre. Le jeune père, voyant qu’il en avait trop dit, n’osa pas ouvrir la porte de sa chambre pendant toute la journée.

Les jours passèrent, le corps de Tommy était de plus en plus froid chaque jour. Ses yeux se voilaient de plus en plus et, un matin, il se réveilla totalement aveugle. Liberté ne savait plus comment l’aider.

     Il retrouva petit à petit la vue avec un nouveau médicament mais le temps était compté pour le petit garçon : quelques semaines tout au plus avaient remplacé les quelques années.

Un matin, alors que les parents étaient au marché, la jeune fille proposa à Timmy, très faible, d’aller faire une promenade dans le village. Il accepta tout de suite, l’idée de sortir lui donnant un peu de force.

     Elle l’assit sur son fauteuil roulant, laissa un petit mot sur la table et sortit de la péniche avec le jeune garçon. Elle voulait lui montrer sa caverne. Il n’avait jamais eu de personne avec qui jouer et il n’avait jamais eu l’occasion de jouer près de la rivière.

     Il leur fallut près d’une demi-heure avant d’arriver à la petite grotte. Personne n’y était entré et cela réconforta Liberté. Elle le fit entrer dans la petite grotte et alluma la lampe de poche, unique source de lumière dans la cavité.

     Timmy regardait les parois qui paressaient danser au passage de la lumière lorsqu’il croisa le regard de la jeune fille. Il lui posa alors une question étrange.

 

- Mon père m’a dit que tu ne voulais pas venir chez nous à cause d’un chat. Pourquoi tu y tenais tant ? Je n’ai jamais eu d’animaux de compagnie à cause de ma maladie. J’aimerais savoir ce que ça fait d’avoir un animal dans ce genre, qui est là quand tu veux jouer où même pout t’écouter sans jamais répéter… J’aimerais vraiment savoir.

 

     La jeune fille s’assit sur une pierre à côté du fauteuil du petit garçon et lui répondit le plus naturellement du monde en regardant le plafond de la caverne.

 

- Je ne dirais pas que c’est un animal de compagnie. Ce n’est pas lui qui t’offre de la compagnie mais plus l’inverse. Tu n’es pas là pour l’élever et en faire autre chose que ce qu’il est : un ami, un confident. Faust a été abandonné tout comme je l’ai été. J’ai beaucoup souffert pendant mon enfance de cet abandon. Je n’avais aucun ami, aucun parent à qui parler. Alors quand j’ai vu ce petit chat abandonné, je n’ai pas voulu qu’il subisse la même chose, tu comprends ? Je voulais avant tout qu’il ne se sente pas seul. Malheureusement, il est décédé le jour où je suis arrivé dans ta famille. J’ai dû l’enterrer avant de partir et, depuis, je ne suis plus passée par l’endroit où je l’avais enterré. Je ne veux pas repenser à ce qui c’est passé. Je me sens bien dans cette famille, pour la première fois de ma vie je sens que je sers à autre chose qu’à rester enfermée dans un orphelinat à faire toute sorte de bêtises pour me rendre intéressante et me faire remarquer pour avoir l’attention de quelqu’un. Je sais que, avec toi et tes parents, je sens qu’on s’intéresse à moi. Je n’avais jamais ressentie ça de toute ma vie et s’il me faut une famille pour cela, alors qu’il en soit ainsi.

 

     Elle regarda le jeune garçon qui ne l’écoutait plus et qui se contentait de regarder l’entrée de la grotte, les larmes aux yeux. Il paraissait encore plus faible maintenant qu’elle le regardait. Il avait les yeux vitreux et sans doute ne verrait-il plus un autre le ver de soleil.

Elle décida de s’en aller quand le jeune garçon l’interrompit et lui demanda d’aller sur la tombe du chat. D’abord réticente puis se laissa convaincre. Elle se leva et emmena le garçon devant la tombe du chat.

     Une fois arrivé sur la tombe, ils s’assirent devant celle-ci et aucun son ne sortit de leurs bouches pendant un long moment. Lorsque le soleil commença à décliner, Liberté se leva et se tourna vers le fauteuil.

     Le petit garçon était souriant mais il ne souriait pas en voyant la beauté de la forêt dans laquelle il était. Il souriait car la mort, la seule personne que son esprit attendait depuis des années, était venue le chercher.

 

 

 

 

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04/11/2012
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