L'autre Monde, livre 1 : L'Épée du Dragon

L'autre Monde, livre 1 : L'Épée du Dragon

l'épée du dragon, chapitre 5

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     Elle resta là, plantée comme un piquet à regarder vers le ciel. Les nuages menaçants s’étendaient juste sur le cimetière, ils ne dépassaient même pas sur la rue qui contournait le cimetière.

     Ne sachant pas quoi faire, elle se tourna vers la silhouette. Elle n’aperçut que son profil. L’apparition était de petite taille. Il faisait sa taille, mais la silhouette flottait à une trentaine de centimètres du sol. Liberté était attirée vers cette poussière qui volait dans la membrane qui définissait le corps de l’apparition.

     Elle ne savait pas ce qu’elle faisait, mais elle vit sa main s’approcher de la main de la silhouette. Lorsqu’elle la toucha, une froideur qu’elle connaissait bien traversa son corps tout entier. Elle lâcha la main et regarda son corps qui cessait de trembler.

 

- Ainsi, même dans la mort, la seule chose que mon entourage retiendra de moi c’est mon corps froid, qui perd la vie. C’est bien triste…

 

     L’ectoplasme se tourna vers l’adolescente et releva la tête. Liberté retint un cri : Timmy se tenait là, devant lui. Elle fit le tour du corps flottant et se retrouva de nouveau devant lui.

Le jeune garçon souriait et paressait en paix. Elle tendit la main et Timmy en fit de même. Lorsque le contact se fit, une petite chaleur traversa le corps du fantôme ce qui le fit rire.

 

     Ils passèrent le reste de la journée à discuter. La jeune fille lui raconta ce que ses parents avaient fait, qu’ils avaient voulue remplacer leur vrai fils. Elle raconta aussi tout ce qu’il s’était passé pendant cette semaine de fous. Timmy l’écoutait, sans jamais la couper.

 

- Et là tu vois, elle s’est ramenée avec un jeune homme. Elle le draguait à moitié. Elle n’a aucun respect pour ton père ma parole ! Elle m’a proposé de sortir avec lui. Et lui m’a dit qu’il était beaucoup plus intéressant que ta tombe. J’ai laissé Aaron dans le couloir et je me suis énervée… Je ne sais pas ce qui m’arrive en ce moment je ne me contrôle plus. Je m’énerve et après je dois m’en aller pour me calmer. Ça ne m’était pas arrivé aussi souvent avant…

- Tu ne te sens pas toi-même. Ta rage est normale, il faut juste que tu arrives à la canaliser. Malheureusement, ce n’est pas quelqu’un ici qui pourra t’aider ! Ils ont essayés de m’aider ici, lorsque j’avais mon cancer, mais rien n’y a fait, je suis mort quand même.

 

     La jeune fille le regarda incrédule, comprenant qu’elle allait mourir aussi. Il s’excusa sur le champ.

 

- Non tu ne mourras pas, tu n’as pas terminé ta vie. Il y a biens de choses que tu dois faire. Mais il ne faut pas t’inquiéter : je voulais juste dire que les choses qu’on te dira ici ne te serviront à rien car tu ne pourras pas suivre leurs conseils.

 

     Elle se sentit soudain songeuse et regarda en l’air.

     Les nuages n’avaient pas disparus mais ils perdaient en couleur foncé. Lorsque la jeune fille regarda dans l’œil, elle crut y déceler une tristesse comme si le propriétaire de l’œil revoyait un moment triste de sa vie. Lorsque celle-ci tenta de regarder plus profondément dans la pupille, l’œil la décela et reprit son air dangereux et menaçant.

 

- Ne t’en fais pas pour lui, il partira bientôt je le pense. Généralement il ne reste pas dans ce monde bien longtemps car aucune personne mis à part toi et moi ne peut le voir. D’ailleurs, comment tu peux le voir ?

- C’est assez compliqué. Le jour où tu es venu me réveiller, je sortais d’un rêve ou je rencontrais ce… truc ! Et disons que depuis ce jour, je ne rêve que de cet œil.

 

     La jeune fille se mis à raconter ce qu’elle avait vue dans son rêve : la porte puis l’œil qui s’était ouvert. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait ici, il était tard et il fallait qu’elle rentre. Timmy l’écouta jusqu’au bout et décida de la laisser rentrée chez elle, à la péniche. Ils se donnèrent rendez-vous le lendemain à la même heure. Elle se contenta de prendre dans ses bras son chaton et de sortir du cimetière.

 

     Elle rentra chez elle en marchant, redoutant ce qui l’attendait chez elle. Mais était-elle vraiment chez elle ?

     Elle se posait toujours la question quand elle arriva sur les quais où la péniche était arrimée. Elle regarda devant elle et son père adoptif la regardait, enveloppé dans une veste légère. Elle avança et sans dire un mot, il la prit dans ses bras.

     Elle ne comprit que quand il l’amena à l’intérieur : la police l’attendait elle, la folle, afin de l’interrogée sur l’incident qui s’était passé dans la matinée.

     Elle passa une partie de la nuit à répondre aux enquêteurs. Elle montra sa dentition à des dentistes et enquêteurs scientifiques. Son père adoptif n’avait pas mentionné la pousse des canines dans son témoignage mais sa mère adoptive et le jeune prétentieux l’avait mentionné et à plusieurs reprises. Elle n’avait aucun moyen de s’enfuir.

     Au bout de très longues heures d’interrogatoire, la police s’en alla et décida qu’elle reprendrait les investigations le lendemain. En attendant, la jeune fille ne devait pas quitter la péniche tant que les policiers n’avaient pas décidé si elle était coupable d’agression ou non.

Elle monta dans sa chambre et s’allongea sur son lit. Son père adoptif vint frapper à la porte. Elle s’assit et lui autorisa l’entrée.

     Il s’assit sur le lit, près de l’adolescente et ils restèrent là, sans parler. C’est alors que le jeune père se leva et se planta devant la jeune fille, agenouillé à ses pieds. Il lui prit les mains et lui sourit.

 

- Il faut que tu trace ta route toute seule. Cette affaire ne te laissera jamais en paix. Surtout avec Myriam qui ne te laissera pas t’en tirer comme ça. J’ai vu que tu étais toute heureuse lorsque tu es revenue. Et je me demande bien pourquoi. Mais je ne vais pas révéler ton secret.

 

     La jeune fille ne comprit pas ce qu’il voulait dire. Elle ne savait pas de quoi il parlait.

 

- Tes canines qui poussent quand tu es en colère. Je sais que tu étais au cimetière aujourd’hui, le boucher t’as vu en allant voir sa femme. Tu étais endormie sur la tombe de Timmy. Il devait être onze heures environ. Je n’ai pas prévenu la police que tu étais là-bas, je n’en voyais pas l’intérêt. Malgré tout, je sais que tu ne resteras pas ici je me trompe ?

 

     Cette fois-ci, la jeune fille eut peur : avait-il découvert le secret de l’œil ? Elle le regarda une fois, le regard plein d’anxiété. Mais le sourire de son père d’adoption resta sur son visage comme pour la rassurer.

 

- Je sais que tu partiras demain. Je n’en ai jamais douté. Dès que je t’ai vu à l’orphelinat, je savais que tu avais quelque chose d’important à faire. Mais pas ici, quelque part ailleurs. Ce que tu as fait pour mon fils, lui donner de l’espoir avant de mourir, c’est quelque chose que je n’aurai pas pu lui donner et je te remercie d’avoir fait ce que je n’ai pas pu faire. Je m’excuse aussi pour tout ce qui s’est passé ici avec Myriam.

 

     L’adolescente sentit les larmes monter. Le jeune père savait qu’elle allait partir et ces aveux ressemblaient fortement à des adieux.

 

- Je t’ai préparé des affaires. Pour toi et pour Aaron. Je ne savais pas quoi te mettre alors j’ai surtout mis des fruits secs et des traces de viandes fumées. Pour Aaron, je t’ai mis un sac de croquettes. Quelques affaires en plus comme des vêtements et d’autres petites choses. Tu partiras demain par l’arrière de la péniche. J’ai mis un des canots de sauvetage à flot. Tu partiras avant le lever du jour.

 

     L’adolescente regarda une nouvelle fois le père adoptif : il avait les larmes aux yeux.

Ce dernier se leva brusquement, lui adressa un au revoir prometteur et sortit de la chambre. Liberté réfléchit une dernière fois et arriva à une conclusion qui la surprit : où qu’elle aille, son foyer était ici. Mais curieusement elle ne se sentait pas chez elle, elle appartenait à un autre monde, différent de celui dans lequel elle évoluait depuis sa plus tendre enfance.

     Elle décida qu’elle partirait avant que Myriam ne soit levée, elle n’avait plus beaucoup de temps mais avait pris sa décision : elle ne resterait pas ici, il fallait partir.

 

 

 

 

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06/11/2012
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